La région de Chugoku. En noir : FUKUYAMA
En bleu : HIROSHIMA En vert : OKAYAMA
Et en rouge … YUBARA !
Yubara, une ville cosmopolite de plus de … 3000 habitants ( !), dans les montagnes, le long de la rivière Asahi, une région connue pour ses Onsen ( évidemment c’est pas pour ça que j’y suis allée. Faire trempette des heures –ou plutôt s’ébouillanter- dans de l’eau entre 41 et 45 degrés, avec des dizaines de mamies japonaises à poil, très peu pour moi !).
Mais que suis-je donc allée faire là bas ??
(je vous laisse réfléchir à d’éventuelles réponses)
Aussi,
1) En émettant l’hypothèse que vous êtes pauvreux et ne pouvez donc pas vous payer le luxe de rouler sur une des rares autoroutes nipponnes (sur lesquelles la limitation est bien souvent à 80km/h)
2) Sachant que les autres routes, même nationales sont limitées entre 30 et 50 km/h
3) Sachant que vous n’avez qu’une journée pour faire l’aller-retour pour cause de rendez-vous le lendemain matin à 9h avec le menuisier
4) Etant donné que l’inconnu A au volant se nomme Uma, bien connu pour son sens de l’orientation équivalent à celui d’un pois chiche, son goût ténu pour la conduite, et qu’il est armé d’un GPS vieux de 8 ans
5) En vous donnant un indice sur le trafic routier de la journée : aucun embouteillage !
6) L’inconnu B, le kilométrage vous est même communiqué (on est sympa avec vous), 115km séparent la croix noire de la croix rouge.
Selon vous, combien de temps aurons-nous passé sur la route ce jour-là ????
Nous avons bien cafouillé sur le départ, on s’est retrouvé à prendre des micros routes dans des bleds paumés, alors que des grandes routes nous entouraient, mais rien à faire, Uma préfère croire son vieux GPS que ma logique, soit. On a finalement rejoint la route qu’il prend habituellement pour aller à Yubara, la nationale 313 aussi appelée « Romantic road » ! J
La route est super belle. En plus, de plus, depuis une semaine le froid automnal était enfin arrivé ici, donc… les feuilles des arbres étaient en pleine mutation. C’était super beau. Malheureusement, et comme d’habitude dans ces cas là, il faisait un vieux temps grizouilleux, donc les photos rendent rien, dégoutée, j’en ai que deux de potables.
Je vous en mets quand même d’autres pour vous mettre dans l’ambiance de la route
Même en plein milieu des montagnes nipponnes perdues, je continue à être attirée par mes chers chichi, donc on s’est arrêté déjeuné à Ochiai, une mégalopole de 15000 habitants (en gros la seule ville qu’on a traversé), dans un restau chinois tenu par des vrais de vrais !
2èm message subliminal : Allez-y mes chers chichi, envahissez même leurs campagnes ! Ils l’auront bien mérité ces impérialistes ! WANSUI ZHONGGUO !
Après s’être arrêtés acheter des spaghettis nous sommes enfin arrivés à Yubara en début d’après midi!
(Ca, c’est un détail pour vous embrouiller. Qu’est ce qu’on est aller foutre là bas avec des spaghettis après avoir déjeuné !? Je vous laisse encore un peu de temps pour réfléchir. Un autre indice vous est donné pour la deuxième question)
Petite pause,
Curiosités nipponnes au bord de la route
-Un distributeur de nouilles déshydratées -Distributeur d’oeufs
avec distributeur d’eau chaude intégré
-« Voleur » ? Ici, ils connaissent pas. Une maladie venue de l’occident encore. Les paysans du coin laissent leurs légumes dans cette baraque en bord de route, le prix est écrit sur des bouts de bois, l’acheteur se sert et laisse l’argent dans la « tirelire » blanche à droite, et voilà. (d’ailleurs le petit frère a déjà laissé la voiture ouverte avec les clés sur le contact, garée à côté de la boutique, toute une après midi. Bon c’était pas volontaire, mais je voi pas un français faire ce genre d’oubli)
Je viens soulager vos tourments et lever le mystère sur le pourquoi Yubara !
Nous sommes allés dans ce trou lointain pour aider Mister Yamazaki, le meilleur ami d’Uma, un enfant d’Osaka, un étudiant de Kyoto, qui a subitement décidé il y’a 3 ans de devenir un paysan-réalisateur à Yubara ! Sa grand-mère vivait seule à Yubara dans une énorme maison, ancienne ferme flamboyante, famille qui a connu la fortune paysanne à une certaine époque, une époque visiblement bien loin (je suis tentée de dire que c’est un peu ce qu’on ressent partout au Japon, mais non, je n’en dirai pas plus !). Donc ce jeune homme étudiant en cinéma, pur citadin, qui vivait de petits boulots pour financer ses projets de films a finalement opté pour cultivateur de tomates en saison et réalisateur l’hiver !
les serres à tomates de Sieur Yamazaki
Yubara
Nous sommes venus aider pour le dernier jour du tournage (histoire de soulager la conscience d’Uma qui ne l’avait pas encore soutenu sur ce film !).
(Marc et Maia, on est loin de vos moyens et de votre professionalisme, mais faut dire que le réalisateur est un peu particulier ! J Allez j’en profite pour faire votre promo ! Les bandes annonces des films de Marc Lahore, la star qui crève l’écran ( !) c’est notre chère Maia Levasseur.
KAMI
http://www.dailymotion.com/MeltingProductions/video/x4hjcy_kami-teaser_shortfilms
PIRATES
http://www.dailymotion.com/relevance/search/pirates%2Blahore/video/x2c21y_pirates-mlahore-promoreel_shortfilms
Le film de Mister Yamazaki est selon les propos même de l’artiste un documentaire. Quand il a dit ça, on a tous rigolé ! Un documentaire, avec des acteurs et un scénario très écrit ! J Il a voulu faire son autobiographie ? Le film… euh, pardon, le documentaire raconte la vie d’un mec qu’arrive à Yubara pour cultiver des tomates (l’acteur est d’ailleurs un collègue paysan), et qui tombe amoureux d’une fille qui bosse dans un bar (ici, bosser dans un bar veut dire « entertainer » les clients masculins ! Est-ce vraiment le boulot de l’actrice ? Je ne sais pas, en tous cas clairement, elle ne collait pas du tout avec le reste de l’ambiance.). Ce jour là, ils tournaient les dernières scènes du film, j’ai donc pu assister au dénouement de l’histoire. Et quel dénouement ! La fille tente de tronçonner le mec pendant son sommeil, s’en suit une course poursuite dans la maison, et subitement le mec exécute une danse traditionnelle japonaise avec masque et bâton à franges, et ça se termine par la phrase :
Faut qu’on discute.
….
Bref, à part Yamazaki, je crois que personne n’a compris son trip.
En plus avec un tel scripte, on peut s’imaginer un débordement d’émotions, et bien point du tout ! C’était trop étrange, les acteurs avaient juste l’air de se faire chier, mais bon avec Uma on s’est dit que c’était peut être le résultat d’instructions du maître Yamazaki.
Bon, à part ça, clairement, Mister & M’dame M&M, je me vois pas vous aider un jour ! C’est chiant le tournage d’un film ! On passe son temps à attendre, c’est soulant. Heureusement la « productrice » parlait très bien anglais, donc j’ai pu pour une fois parler à d’autres gens qu’Uma ! Allellujah ! J
La prod « Kapo-chan » Mister Yamazaki Kurozawa
La scène finale : danse
Autre petit détail de l’aventure : la maison de Yamazaki et grand-mère.
J’ai jamais vu une maison aussi crade, au début je refusais de m’asseoir, mais la fatigue a eu raison de moi. Une énorme maison, tradi jap, tatamis partout, portes coulissantes en papier, calligraphies, salle des ancêtres, ce genre de matériaux ça coûte super cher, ça pourrait être une supère baraque, mais…. ARGH !!!
Les portes défoncées, les carreaux cassés (vu la température extérieure, malgré nos manteaux et nos écharpes on se pelait le cul à l’intérieur), des tas de merde partout, des toiles d’araignées partout dans la cuisine, le salon où mamie siestait sur des tas de draps plein de tâches, la salle des ancêtres transformée en salon d’ado avec le linge sale partout, les tableaux percés ou cassés, le portrait du grand père mort qui traîne par terre (moi qui vient de vivre tout le cérémonial, je peux vous dire que c’est super choquant au Japon !), même le jardin c’était un dépotoir, des vieilles roues, de la tôle, et au milieu des arbres à kakis, kiwis et figues. A côté de la maison des voisins, y’avait un sacré décalage !
Uma et moi on a craqué, on a subitement été pris d’envie de nettoyer une partie de la cuisine. Franchement ça faisait trop pitié, la grand mère elle-même s’excusait de nous recevoir dans une maison dans cet état. Alala, ces artistes, déconnectés des réalités praticoconcrètes ! J
Coup de bol, les scènes du film ont fait qu’on a du nettoyer la moitié de la baraque !
Et pour finir réponse à ma deuxième question. Pour faire 230km sans embouteillage avec une bonne voiture, au Japon on met … 7h !!!
Et pour finir, comme d’hab…
Nous! (on est pas doué, on a eu du mal à se prendre avec la montagne derrière)
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