Keisuke et moi sommes allés à un concert de musique traditionnelle japonaise donné par un professionnel et tous les clubs de musique traditionnelle des environs. Je suis sans doute une de seules du public à avoir tenu jusqu’au bout sans dormir!! 3h30 de concert tout de même!
Le thème du concert était en quelques sortes « hommage à Miyagi Michio ».
Miyagi Michio, 1894-1956, un de plus grands joueurs de koto du Japon, le « père du koto moderne ». Il a réinventé le koto, en créant notamment des koto à 17 et à 80 cordes, en inventant de nouvelles techniques… les joueurs professionnels actuels sont pour la plupart du courant « Miyagi ». Miyagi est né à Kobe, à l’âge de 8 ans il perd la vue, et s’oriente alors vers l’apprentissage du koto. A 14 ans, il achève sa première composition « Mizu no Hentai », qui déjà annonce une rupture avec le koto traditionnel. A 18 ans, il atteint le rang de kengyo, le rang le plus élevé pour un joueur de koto. Il est rapidement reconnnu comme une autorité dans la musique japonaise. Il devient professeur à l’Université Nationale de Musique de Tokyo, influençant ainsi les futures générations de joueurs de koto. En 1932, une violoniste française en tournée au Japon, Renée Chemet, après avoir écouté jouer Miyagi décide d’enregistrer un disque avec lui, un disque qui fera connaître Miyagi en occident. Miyagi a composé plus de 500 morceaux, son morceau le plus célèbre est « Haru no Umi », composé en 1929, qui s’inspire de la mer de Tomo no Ura (donc Fukuyama!) où Miyagi était allé enfant avant de perdre la vue.
Haru no umi en duo : http://www.youtube.com/watch?v=Ry0MVpga15w
Le KOTO :
C’est tout simplement le GUZHENG chinois! Non, ça vous parle pas? Bon, c’est un « instrument à cordes pincées utilisé notamment pour le kabuki et le bunraku. Introduit au Japon au 7ème-8ème siècle, il était au départ joué seulement à la Cour impériale. C’est une grande cythare d’1m80 de long, 13 cordes en fil de soie que l’on pince avec des grattoirs en ivoire, un son comparable à la harpe. » C’est assez impressionant à regarder, pour certaines notes, ils doivent faire de sacré mouvement, en plus ils jouaient à plusieurs en ligne, donc ils faisaient tous les même mouvements en même temps, c’est sympa à voir.
Y avait pas que du Koto au concert, y avait la totale… (je viens tout juste de m’apercevoir que toutes les photos que j’avais prises du concert ont … disparu! je sais pas ce que j’ai foutu! donc désolée, je vais aller chercher juste une photo de chaque instrument sur internet, désolée!)
Le SHAKUHACHI :
« C’est une flûte droite à embouchure libre en bambou. La flûte de bambou arriva au Japon depuis la Chine et la Corée. Le shakuhachi s’il en est distinct est sans doute dérivé du XIAO chinois, résultat de plusieurs siècles d’évolution au Japon.
Au Moyen-Âge, le shakuhachi fut associé à la secteFuke du bouddhisme zen, dont les moines l’utilisaient comme soutien à la méditation. Leurs mélodies suivaient le rythme de la respiration du moine. Sous le shogunat Tokugawa, les voyages étaient vus avec méfiance par le pouvoir. La secte Fuke parvint néanmoins à obtenir une exemption du fait de leur statut de moines mendiants itinérants. Les moines parvinrent même à convaincre le shogun de leur accorder l’exclusivité de l’utilisation de cet instrument hors des théâtres. En échange, les moines renseignaient le shogunat, qui de son côté utilisait la tenue des moines, une robe noire et un chapeau tressé couvrant le visage, pour ses propres espions. La crainte de ces espions du pouvoir central fit que certaines pièces de musique furent utilisées en guise de test. Si un moine suspect parvenait à les exécuter, il était probablement ce qu’il prétendait. Sinon, il s’agissait sans doute d’un espion, qui pouvait alors craindre pour sa vie. Cet usage contribua certainement à l’excellence technique qui fit la réputation de la secte Fuke.
La Restauration Meiji (1868), conduisit à l’abolition de la secte Fuke, suspecte d’entretenir trop de relations avec le shogunat. La pratique du shakuhachi fut ainsi interdite pendant quelques années. Si les laïcs, qui pouvaient utiliser d’autres instruments pentatoniques, en souffrirent peu, le répertoire des honkyoku (morceaux de shakuhachi) fut en majorité perdu à cette époque. Quand la pratique fut à nouveau autorisée, ce fut sous condition qu’il s’agisse d’un ensemble, avec koto et shamisen, à l’image des accompagnements de kabuki et de bunraku . Il fallut attendre encore plusieurs années avant que le jeu solo en public soit à nouveau autorisé. »
Je me suis déjà retrouvée nez à nez avec ce genre de moine, il faisait du porte à porte pour faire la manche , ça fait partie de leur formation. Franchement ça fait peur! D’un seul coup t’as un gars à quelques centimètres de toi qui joue de la musique de film d’horreur jap avec une corbeille à papier sur la tête!!!
Le SHAMISEN :
» C’est un luth à long manche, 110 à 140 cm, à caisse de résonance carrée construite en bois de santal et recouverte de peau de chat, de chien ou de serpent (!), 3 cordes, on joue avec un plectre en ivoire. Instrument d’origine chinoise, le SANXIAN, qui fut introduit dans l’île d’Okinawa au milieu du 16ème siècle, puis au reste de l’archipel au 17ème-18ème siècle. Il devint l’instrument de prédilection des geisha. »
Le KOKYU
Y avait juste une joueuse de Kokyu, mineur, mais mon cher mari est fan de cet instrument, il a pris des cours en Chine, et c’est une blague entre nous, car je trouve ça horrible quand il joue…donc obligé de vous présenter ça! Le Kokyu, comme tous les autres instruments…. vient de Chine! 🙂 le ERHU, importé au 18ème siècle. Une vièle de 70 cm, 3 cordes, se joue avec un archet très lache qui doit être tendu par les doigts de la main pendant qu’on joue.
Le SHO
Un orgue à bouche, qui vient du SHENG chinois. importé au 8ème siècle, 17 tubes de bambou, instrument joué à la Cour impériale, le son rappelle le cri du phoenix (!)
Voilà j’ai fait le tour des instruments, pour les plus curieux qui veulent entendre le son qui va avec l’instrument, youtube est là pour vous servir! La musique se joue souvent en « ensemble » de 3 instruments : koto, shakuhachi, shamisen. Mais on a eu le droit a un final, tous les instruments ensemble, plus des tambours, plus des chants tradi, plus des tenors-soprano-alto!
Le professionnel du koto présent est Ando Masateru. Il était élève de Miyagi Michio, il est aujourd’hui professeur à Tokyo, un de plus célèbres représentants de l’école Miyagi, il fait des tournées mondiales… Je ne trouve pas de vidéo de lui, dommage. Après avoir vu les joueurs « non pro », quand il a débarqué sur scène ça n’avait rien à voir, il arrivait à jouer super vite du koto, ce qui a pas l’air simple!!
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